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Les risques naturels en Nouvelle-Zélande : les volcans

Publié le par Amy B Dlm

Avec cet article je démarre une nouvelle série sur les risques naturels, fruit de ce que j’ai appris ici depuis mon arrivée en Nouvelle-Zélande. Aujourd’hui, j’ai décidé de vous parler des volcans, massifs, magnifiques, et monstrueusement dangereux !

Le stratovolcan Ngauruhoe dans le parc national du Tongariro

Le stratovolcan Ngauruhoe dans le parc national du Tongariro

L’activité volcanique de la Nouvelle-Zélande n’est un secret pour personne. Par la beauté et la diversité des paysages dont ils sont à l’origine, les zones volcaniques se muent en intérêts touristiques dont la sublime randonnée du Tongariro Crossing n’en est qu’un exemple parmi d’autres. Mais que sait-on réellement de ces montagnes cracheuses de flammes ?

  • Pourquoi trouve t-on des volcans en Nouvelle-Zélande ?
  • Où les observe t-on et quelles formes revêtent-ils ?
  • Posent-ils un risque sévère pour la vie humaine et la sécurité du pays ?

Suivez le guide, c’est ce que nous allons découvrir ensemble ici.

Pourquoi y a t-il des volcans en Nouvelle-Zélande ?

La première chose à savoir lorsque l’on parle des aléas naturels en Nouvelle-Zélande, c’est que le pays est situé sur une zone de subduction, c’est-à-dire une zone où différentes plaques terrestres se rencontrent. J’ai déjà donné la définition d’une zone de subduction, dans l’article consacré aux risques naturels en Californie.

Une zone de subduction est donc responsable de la présence de nombreux aléas naturels et autres réjouissances. Sur ces zones de subduction, on rencontre, entre autres, des volcans ! Pourquoi cela d’ailleurs ? Tout simplement parce que le mouvement des plaques, comme ici la descente de la plaque Pacifique (océanique) sous la plaque Australienne (continentale) provoque une libération d’énergie et la remontée du magma très en profondeur.

Limite des plaques Pacifique et Australienne au niveau de la Nouvelle-Zélande

Limite des plaques Pacifique et Australienne au niveau de la Nouvelle-Zélande

Source de cette image : Site web du musée d'Auckland : http://www.aucklandmuseum.com/

Toute chose étant égale par ailleurs sur notre chère planète, l’énergie créée doit être libérée quelque part ailleurs. C’est pour cette raison que le magma remonte la croute terrestre par des cheminées magmatiques et se manifestent en surface pour former des volcans.

Pigé, on trouve donc les volcans sur les zones de subduction. Ce n'est pourtant pas aussi simple, car même en Nouvelle-Zélande, les volcans ne se ressemblent pas et ne se trouvent pas tous au même endroit. Et oui, la réalité géologique est toujours un peu plus compliquée que ce que l’on croit.

Où trouve t-on des volcans en Nouvelle-Zélande ? Quelle est leur nature ?

A la découverte de l'ile fumante

L’activité volcanique revêt beaucoup de formes différentes en Nouvelle-Zélande. Tout d’abord, seule l’ile du Nord est volcanique (on la surnomme d’ailleurs « l’ile fumante »). Il existait bien autrefois quelques volcans dans l’ile du Sud, mais ceux-ci sont à présent considérés comme éteints. A titre d'exemple, la péninsule d’Akaroa (près de Christchurch) est un ancien édifice volcanique.

A ce propos, comment distingue t-on un volcan « actif » d’un volcan « éteint » ? Eh bien, même pour les volcanologues, c’est assez difficile ! On part du principe qu’un volcan est éteint à partir du moment où il s’est écoulé plus de temps depuis sa dernière éruption connue qu’entre l’ensemble de ses éruptions. Autant dire qu’on ne peut jamais savoir si un volcan « éteint » va se réveiller ou pas.

Les volcans de l’ile du Nord sont, quant à eux, clairement actifs. La dernière éruption remonte à 2012 (soit… hier) et se produisit sur le flanc Nord du Tongariro : l’éruption de Te Maari. On aperçoit toujours d’ailleurs des fumerolles à cet endroit, preuve de l’activité volcanique récente.

Les cratères de Te Maari, sur le flanc Nord du Tongariro

Les cratères de Te Maari, sur le flanc Nord du Tongariro

La zone volcanique de Taupo et ses stratovolcans

La plupart des volcans de Nouvelle-Zélande suivent un même axe Nord-est/sud-ouest, depuis l’ile de White Island au large de la Bay of Plenty, jusqu’au parc national du Tongariro au centre de l’ile du Nord (cf. carte ci-dessous). On appelle cet axe la zone volcanique de Taupo. Les volcans de cette zone sont tous issus du phénomène de subduction, mais bien que géographiquement proches, ils n’appartiennent pas tous à la même catégorie de volcan.

La carte ci-dessous, réalisée par mes soins, recense l'ensemble des volcans actifs de Nouvelle-Zélande :

Localisations des volcans de Nouvelle-Zélande

Localisations des volcans de Nouvelle-Zélande

Les fameux volcans du Tongariro sont des stratovolcans, facilement reconnaissable à leur forme conique dont le parfait exemple est le Mont Ngauruhoe (prononcez Na-ou-ro-é).

Le Mont Ngauruhoe, le "volcan parfait"

Le Mont Ngauruhoe, le "volcan parfait"

Ils sont similaires dans leur mécanisme au volcan Arenal au Costa Rica dont j’ai fait une présentation détaillée dans cet article. On les appelle stratovolcans car ceux-ci sont faits de strates produites par leurs différentes éruptions. Ces strates sont formées de matériaux très divers : lave visqueuse, scories, cendres, projections volcaniques en tout genre… Les éruptions produites par les stratovolcans peuvent donc être très différentes les unes des autres, de la passive coulée de lave à l’éruption explosive projetant dans l’atmosphère de large colonnes de cendres et de magma en ébullition.

Si l’on progresse plus au Nord, on trouve d’autres formes de volcanisme. A ce propos, saviez-vous que le paisible lac Taupo cache en réalité l’un des plus gros monstres de notre planète ? Et oui, le lac Taupo lui-même est un volcan ! Mais si c’est bien un volcan, pourquoi n’est-il pas surmonté d’un joli cône comme ses voisins du Tongariro ? C’est parce qu’il s’agit d’un volcan caldeira, au même titre que celui de Yellowstone aux Etats-Unis ! J’avais brièvement évoqué ce genre de volcan dans mon article consacré aux risques naturels en Californie. C’est l’occasion pour moi d’en dire davantage à leur sujet.

Panorama du lac Taupo, le monstre endormi de la Nouvelle-Zélande

Panorama du lac Taupo, le monstre endormi de la Nouvelle-Zélande

Les volcans à caldeira, un cas particulier en Nouvelle-Zélande

Les volcans de type caldeira (aussi appelés « supervolcans ») sont les plus redoutables de tous car ils produisent les plus grosses éruptions à la surface de notre planète. Lors d’une éruption, ils sont capables d’éjecter dans l’atmosphère des quantité impressionnantes de gaz, de cendres et autres matériaux volcaniques. La dernière éruption de Taupo eue lieu il y a environ 1800 ans. Pour vous donner un ordre d'idée, voici un petit comparatif des volumes éjectés entre cette éruption et plusieurs autres éruptions connues dans le monde.

Comparatif du volume des matériaux projetés dans l'atmosphère suite à différentes éruptions connues

Comparatif du volume des matériaux projetés dans l'atmosphère suite à différentes éruptions connues

Source de cette image : http://www.nzgeothermal.org.nz/education/geology.html

Mais on sait qu’une éruption encore plus grande se produisit il y a 25000 ans. On croit même qu’il s’agit de la plus large éruption à l'échelle mondiale connue à ce jour. L’intégralité de l’ile du Nord fut couverte de cendres, ainsi qu’une partie de l’ile du Sud jusqu’à Christchurch ! Ces éruptions ont également la capacité de modifier le climat de la Terre, même plusieurs années après une éruption. Elles sont tellement puissantes que lors d'une explosion, l’intégralité des matériaux se trouvant au-dessus de la chambre magmatique sont projetés, et ce qui reste en surface s’enfonce littéralement dans le sol. C’est la raison pour laquelle ils ne se manifestent pas dans le paysage de la même manière que les stratovolcans, et qu’ils sont souvent comblés par un lac.

Taupo n’est pas la seule caldeira de Nouvelle-Zélande. En remontant vers le Nord, on trouve également celle de Rotorua (avec le lac du même nom) et celle d’Okataina. C'est évidemment la raison pour laquelle on retrouve tant de merveilles géothermiques dans cette région (geysers, lacs de toutes les couleurs, flaques de boue bouillonnantes...) faisant de Rotorua la ville la plus touristique de l'ile du Nord.

La réserve de Wai-O-Tapu, près de Rotorua, et ses merveilles géothermiques

La réserve de Wai-O-Tapu, près de Rotorua, et ses merveilles géothermiques

Les autres types de volcans néo-zélandais

Que nous reste t-il ? Ah, il y a bien le Taranaki, dont la forme conique presque parfaite lui confère d’être souvent comparé au Mont Fuji, au Japon (lui même un volcan). Le Taranaki est également un stratovolcan, cependant il se situe en-dehors de la zone volcanique de Taupo, tout simplement parce qu’une remontée magmatique a décidé de prendre un chemin différent. C’est à ce jour le plus jeune volcan de Nouvelle-Zélande.

Le majestueux volcan Taranaki

Le majestueux volcan Taranaki

Enfin, je me devais d’évoquer le cas d’Auckland. Oui, Auckland, plus grande ville du pays, est entièrement construite sur… un volcan. Ou plus exactement, sur un champ volcanique. Et plus intéressant encore, on ne parle plus ici de volcanisme de subduction. La zone volcanique d’Auckland est constituée de petits volcans effusifs, à éruption unique. Chaque entité volcanique n’a le potentiel d’entrer en éruption qu’une seule fois, lors de sa création, laissant ensuite dans le paysage une forme conique bien constituée en guise d’héritage. On trouve à ce jour 53 cônes volcaniques dans la baie d’Auckland. En voici un exemple avec cette image assez parlante, prise depuis le Mont Eden (lui même un volcan).

Sauras-tu retrouver combien de volcans se cachent dans cette image ?

Sauras-tu retrouver combien de volcans se cachent dans cette image ?

Leurs éruptions se manifestent sous la forme d’émission de lave fluide, sur le même modèle qu’à Hawaii (voir l'article consacré aux iles d'Hawaii où j'ai expliqué en détails le mécanisme des points chauds). Cependant l’aléa devient beaucoup plus dangereux lorsque l’éruption se produit dans l’eau, car la présence de cet élément produit une éruption beaucoup plus violente. C’est ainsi que le dernier né vit le jour, le Rangitoto, formant une nouvelle ile au sein de la baie d’Auckland il y a environ 600 ans (et non, ce n’est pas vieux !). On peut aujourd’hui aller visiter cette ile au moyen d’un ferry depuis Auckland, afin d’explorer ses paysages volcaniques jeunes et singuliers.

 

Risque volcanique : quels dangers pour la Nouvelle-Zélande ?

Ce n’est pas le risque le plus préoccupant à ce jour. Bien que les éruptions de certains volcans comme le Ruapehu (situé dans le parc national du Tongariro) soient très fréquentes, les aléas volcaniques sont généralement confinés à la zone volcanique seule. Les cendres volcaniques, en revanche, peuvent parcourir des centaines de kilomètres. Non toxiques, elles peuvent tout de même causer des problèmes respiratoires, et dans une plus large mesure, une couche de cendre peut avoir des effets destructeurs sur les constructions et les infrastructures.

Le volcan Ruapehu sous surveillance

Le Ruapehu est un cas plus particulier car plusieurs stations de ski ont été construites sur ses flancs, pour profiter de ses pentes douces couvertes de poudreuse en hiver. De ce fait, son activité volcanique est plus qu’étroitement surveillée. Plusieurs systèmes d’alerte ont été mis en place dans les différentes stations de ski, afin de faire évacuer la zone au plus vite si une éruption se produisait.

La station de ski de Whakapapa, sur les flancs du volcan Ruapehu. Photo crédit : Audrey Morello

La station de ski de Whakapapa, sur les flancs du volcan Ruapehu. Photo crédit : Audrey Morello

L’aléa volcanique le plus à craindre sur les flancs du Ruapehu est la formation d'un lahar. Un lahar est produit lorsque les matériaux éruptifs sont mélangés à la neige, la glace ou l’eau, formant un « torrent » dévalant les pentes du volcan et détruisant tout sur leur passage. Les lahars peuvent se former même en cas d’éruption mineure (sans explosion) et sont fréquents au Ruapehu. Le dernier lahar du Ruapehu se forma durant l’éruption de 2007.

La formation d'un lahar sur le Ruapehu suite à l'éruption de 2007. Photo crédit : GNS Science

La formation d'un lahar sur le Ruapehu suite à l'éruption de 2007. Photo crédit : GNS Science

La zone volcanique de Taupo : une bombe à retardement ?

Les gigantesques explosions de Taupo ne sont malheureusement pas prévisibles à long terme. A court terme cependant, plusieurs « indices » peuvent laisser supposer l’imminence d’une éruption, comme des séismes, de soudaines déformations du sol... Comme prévenir est mieux que guérir, plusieurs évacuations ont eu lieu au cours du 20ème siècle suite à la crainte d’éruptions qui n’eurent heureusement pas lieu. On se rassure un petit peu en se disant que ce genre d’éruption est quand même extrêmement rare.

Et la ville d'Auckland dans tout cela ?

Enfin, concernant la ville d’Auckland, le risque est pris plus au sérieux en raison de sa population importante (plus d’1,3 millions d’habitants soit un quart de la population du pays). Un programme de recherche sur les impacts humains et économiques de potentielles éruptions sur la zone volcanique d’Auckland a été lancé en 2008 : http://www.devora.org.nz/details/. La zone volcanique est aujourd’hui considérée comme « dormante », mais des études récentes sur le sujet montrent que la possibilité d’une nouvelle éruption n’est pas à exclure dans les prochains siècles.

 

Bien qu’il y ait encore énormément de choses à dire sur les volcans de Nouvelle-Zélande, vous voilà déjà plutôt bien documentés sur le sujet. Si vous êtes férus de volcans, je vous laisse quelques liens utiles au bas de cet article pour approfondir (attention, documentation en anglais). On se retrouve rapidement pour la suite de cette série consacrée aux risques naturels en Nouvelle-Zélande avec un prochain article consacré aux séismes, et un troisième sur les tsunamis.

N’oubliez pas de jeter un oeil à mon album photo Flickr  « Les risques naturels en Nouvelle-Zélande » pour plus d’images de volcans néo-zélandais !

Les sources de cet article (et pour approfondir) :

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