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Petit topo sur les risques naturels en Californie

Publié le par Amy B Dlm

Petit topo sur les risques naturels en Californie

Lorsqu’on vous dit « Californie » et « risques naturels », vous pensez à quoi en premier lieu ? Aux séismes bien sûr ! Avec la célèbre faille de San Andreas, traversant à la fois les non moins connues villes de Los Angeles et San Francisco. Cependant, peut-on réduire les risques naturels en Californie aux seuls séismes ? Eh bien non, nous verrons qu’il s’agit en fait d’un terrain fertile à une multitude d’aléas...

Les séismes en Californie et la faille de San Andreas

Puisque nous sommes lancés sur la question des séismes, parlons-en. D’abord, pourquoi la Californie est-elle connue pour la récurrence de ce risque ? C’est parce qu’elle constitue la limite entre deux plaques tectoniques : la plaque Nord-Américaine et la plaque Pacifique, qui coulissent l’une contre l’autre de manière plus ou moins horizontale (je précise "plus ou moins" car la réalité géologique est toujours un peu plus compliquée). Le long de ce mouvement horizontal se forme donc une faille, dite faille transformante : la fameuse faille de San Andreas.

Nature du contact entre les plaques tectoniques au niveau de la Californie. Source : USGS

Nature du contact entre les plaques tectoniques au niveau de la Californie. Source : USGS

Ce sont donc les mouvements de l’écorce terrestre le long de ces deux plaques tectoniques qui sont responsables de la majorité des séismes en Californie. La faille de San Andreas n’est pas la seule concernée, loin de là. Elle fait en réalité parti d’un important système de failles parmi lesquelles les failles de Garlock, San Jacinto et Hayward sont toutes autant surveillées par les scientifiques de l’USGS (United States Geological Survey).

Mais quel est le potentiel réel de ces failles en terme de séismes ? Certaines portions bougent assez régulièrement et provoquent donc des séismes légers à modérés, qui peuvent être ressentis mais provoquent peu ou pas de dégâts. Ces petits séismes sont pourtant essentiels à la libération d’énergie qui s’accumule le long des failles. Car d’autres portions de ces mêmes failles sont en réalité « bloquées », car elles n’ont pas libéré d’énergie depuis un certain temps... C’est donc là qu’un Big One se prépare.

Le Big One californien : mythe ou réalité ?

A ce propos, j’aimerai revenir sur cette idée de "Big One" dont tout le monde a certainement entendu parler, mais dont personne ne sait vraiment de quoi il s’agit. Selon les légendes urbaines, il s’agirait d’un méga-séisme censé survenir dans un futur proche (d’ici une trentaine d’années) qui détruirait la quasi-totalité de la Californie (voire qui la détacherait du continent américain, tel que cela a été mis en scène dans le film San Andreas). Difficile parfois de faire le tri entre ce qui est de l’ordre de l’information scientifique, et ce qui est de l’ordre de la fiction.

Selon l'USGS, l'organisme chargé des études géologiques aux Etats-Unis, la baie de San Francisco a 62% de chances de connaitre un séisme majeur avant 2032. Mais qu’est-ce qu’un séisme majeur au juste ? L'USGS précise que celui-ci pourrait être « de magnitude supérieure ou égale à 6.7 ». 6.7, c’est beaucoup, mais on est loin de la série de séismes de magnitude 9.6 du film catastrophe San Andreas.

Système de failles au niveau de la baie de San Francisco. Source : USGS

Système de failles au niveau de la baie de San Francisco. Source : USGS

Un séisme de magnitude 9.6 est-il possible en Californie ?

On sait que les plus gros séismes jamais enregistrés se sont produits sur les zones de subduction[1] (Chili, Alaska, Japon...) dont la Californie ne fait pas parti, car nous sommes dans une zone de coulissage de plaques, et non pas de subduction. Le scénario le plus pessimiste décrit par l’USGS en ce qui concerne la faille de San Andreas serait un séisme de magnitude 8.0 en Californie du Sud[2] (USGS, 2012). Je rappelle qu’un degré de magnitude en plus, c’est 30 fois plus d’énergie libérée.

Avec un séisme de magnitude 8.0, les buildings du CBD de San Francisco ou de Los Angeles tangueront bien comme il faut, mais ne s’effondreront pas sur eux-mêmes, tandis que le Golden Gate sera toujours là puisqu’il a été conçu pour résister à un séisme de 8.0 justement. Nous dirons donc qu’un séisme de 9.6 en Californie est improbable (je préfère parler de probabilités pour décrire les faits géologiques plutôt que de possibilités... il nous reste encore beaucoup à découvrir).

Et d’ailleurs, il serait à mon avis plus judicieux de parler de "Big Ones" au pluriel puisqu’une grande incertitude règne sur la localisation précise de celui-ci, raison pour laquelle de nombreux scénarios de "big ones" ont été envisagés par l’USGS. Les probabilités pencheraient davantage pour la Californie du Sud et la région de Coachella. Cette plus grande probabilité a donné naissance au scénario le plus complet imaginé par l’USGS, le ShakeOut scenario : http://www.shakeout.org/california/scenario/. Mais dans la série des "Big Ones", la baie de San Francisco n’est pas à exclure de la liste.

 

[1] Une zone de subduction est une zone de contact entre deux plaques tectoniques, où l’une des deux plaques plonge sous l’autre (généralement, la plaque océanique sous la plaque terrestre).

Des tsunamis en Californie ?

Tant que nous y sommes, une autre mise en scène du film San Andreas que je souhaiterais démystifier tout de suite : le tsunami (de 250 mètres de haut) ! A la question : un tsunami est-il possible en Californie, je réponds assurément oui ! (voir la photo avec le panneau indiquant une zone de tsunami en début d'article). En revanche, les séismes Californiens sont-ils susceptibles de générer des tsunamis ? Eh bien non (ou TRES improbable !). Explications : la recette d’un tsunami se compose :

  • D’un séisme supérieur à 7 ~ 7.5...
  • ... sur une faille à mouvements verticaux, donc plutôt les zones de subduction !

Notre magnifique faille de San Andreas, avec ses mouvements horizontaux, n’est donc en théorie pas en mesure de nous créer un beau tsunami. Les tsunamis pouvant menacer la Californie viendraient donc d’autres régions du Pacifique, telles que la Nouvelle-Zélande, et le scénario le plus probable serait un séisme en Alaska de magnitude 9.1. Pour plus d’info : http://www.usgs.gov/natural_hazards/safrr/projects/tsunamiscenario.asp

Cône de scories, un ancien volcan en Californie

Cône de scories, un ancien volcan en Californie

Au Nord, le risque volcanique bien présent

Séismes, tsunamis... En termes de risques géologiques, il nous manque... les volcans ! Eh oui, il y a des volcans en Californie. Et ce ne sont pas de gentils petits volcans comme le Stromboli, mais plutôt de méchantes bombes à retardement comme le Mont St Helens (État de Washington) qui nous a montré son potentiel avec l’éruption de 1980 qui coûta la vie à une cinquantaine de personnes.

Il existe une vingtaine de volcans en Californie, bien qu’ils n’appartiennent pas tous à la même famille. Au Nord, les Monts Shasta et Lassen font partie de la chaine des Cascades, une marge active (limite de plaque type subduction) qui s’étend du Nord de la Californie jusqu’au Sud de la Colombie Britannique (Canada). Ces volcans sont actifs et considérés comme potentiellement très dangereux. Au centre de l’Etat, la caldeira de Long Valley appartient à la catégorie des « supervolcans continentaux » au même titre que le volcan de Yellowstone. Je ne vais pas m'attarder ici pour expliquer ce qu'est une caldeira, mais si le sujet vous intéresse, vous trouverez une définition plus complète dans cet article consacré aux volcans de Nouvelle-Zélande.

Cependant, pour vous donner un ordre d'idée, on sait que si le volcan de Yellowstone entrait en éruption, la moitié du continent américain serait recouvert de cendres. Plutôt effrayant non ? Eh bien la caldeira de Long Valley a un potentiel similaire, elle a même eu une brève phase d’activité au début des années 80, ce qui aboutit à la construction d’une route d’évacuation. Il y aurait encore beaucoup à dire sur les volcans, mais je vais m’arrêter là pour l’instant afin de présenter les autres risques naturels en Californie (oui, il y en à d'autres).

D'autres risques naturels moins impressionnants, mais tout aussi menaçants

Un autre risque très récurrent en Californie : les feux de forêt. C’est là que le Golden State paye les frais de son climat très sec, qui induit de ce fait une végétation très inflammable. Les feux de forêt se produisent toute l’année, avec un pic pendant l’été bien sûr. Et en toute logique c’est la Californie du Sud qui en souffre le plus avec son climat semi-aride. Il arrive souvent que les routes soient coupées et que les automobilistes restent dans leur voiture pendant des heures en attendant que le feu soit maitrisé. Lorsque j’étais à Santa Barbara, j’ai même eu droit à un combo séisme/feu de forêt pendant la même semaine. On ne s’ennuie pas en Californie !

Enfin j’aimerai terminer par un risque moins impressionnant, mais qui n’en pose pas moins de problèmes pour les habitants de ce pays magnifique : l’érosion côtière. Ayant habité Isla Vista (20 km au Nord de Santa Barbara), je me devais de l’évoquer car Isla Vista fait parti, je pense, des lieux les plus menacé par ce risque en Californie. Isla Vista est un quartier construit sur une micro-falaise, et lorsque les premières maisons furent construites, sur Del Playa Drive, elles comportaient toutes un petit jardin entre l’habitation et le bord de la falaise. Aujourd’hui les fondations des habitations commencent à apparaitre au grand jour avec le recul important des falaises (on parle de plusieurs mètres voire dizaines de mètres de recul en un demi-siècle !) et la plage disparait complètement à marée haute.

Le recul évident des falaises d'Isla Vista. Source : Noozhawk

Le recul évident des falaises d'Isla Vista. Source : Noozhawk

Les vagues et les courants emportent plus de matériaux qu’ils n’en apportent et les littoraux s’érodent. Le fait d’avoir construit des habitations si près de la mer contribue aussi grandement à la fragilisation des falaises. Et malheureusement, à la vitesse où l’érosion progresse à Isla Vista, nous assisterons progressivement à la disparition des maisons de Del Playa Drive, qui ont tant accueilli les fêtes étudiantes du campus de UCSB... Certaines ont déjà leurs balcons suspendus au-dessus de l’océan et à marée haute, on peut sentir le sol trembler lorsque les vagues buttent contre les falaises. J’espère du moins que les autorités réagiront à temps et classifieront ces maisons comme inhabitables avant que des drames se produisent, comme certains se sont déjà produits... !

Les maisons suspendues de Del Playa Drive : plus que quelques années ?

Les maisons suspendues de Del Playa Drive : plus que quelques années ?

Voilà, c’est tout pour les risques naturels en Californie. J’espère vous avoir donné envie d’aller y habiter ! Et je ne dis même pas ça ironiquement en plus ;-)

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A
Ils se déclenchent comment les feux de forêt ? Spontanément, comme ça ?
Répondre
N
ils ce déclenchent souvent à cause de la sécheresse!