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Les Iles Samoa, cet autre bout du monde

Publié le par Amy B Dlm

Les Iles Samoa, cet autre bout du monde

Mais t’as pas bientôt fini de te trimballer à l’autre bout du monde ?!
 

Ah ben là on peut dire qu’on y est, à l’autre bout du monde. Et pour cause : les iles Samoa se situent juste en marge de la ligne de changement de date, qui passe précisément entre les Samoa et les Samoa Américaines. Plus en marge, tu rêves. Les iles Samoa sont donc le pays du soleil levant, contrairement au Japon qui se situe bien à la traine (et toc), bien qu’il y aient les Kiribati qui trichent (voir carte au-dessous) et qui volent un peu la vedette aux Samoa avec leur surnom des « iles de la Ligne ».

Ligne de changement de date et localisation des iles Samoa. Source: World Atlas

Ligne de changement de date et localisation des iles Samoa. Source: World Atlas

En réalité, les Samoa se situaient de l’autre côté de la ligne il n’y a pas si longtemps. Ils effectuèrent ce changement en 2011, pour raisons économiques, leurs principaux partenaires commerciaux étant la Nouvelle-Zélande et l’Australie, avec qui 23h de décalage horaire n’était pas très pratique…

Mais revenons à nos moutons. Pourquoi donc aller se balader sur une ile perdue au milieu de l’océan Pacifique ? Je dois le dire, j’ai un faible pour les endroits un peu perdus et en marge de tout. J’ai choisi cette destination un peu au hasard, poussée par l’envie de connaître un peu plus le continent l’Océanie, et aussi celle de pouvoir m’étaler comme une crêpe sur une plage tropicale au milieu des cocotiers, alors que ça pèle en Nouvelle-Zélande. Puis parce que les billets d'avion depuis la Nouvelle-Zélande ne sont pas trop chers, y'a un peu de ça aussi.

LE POINT GEO

Petit tour d'horizon rapide...

Les iles Samoa se composent de deux iles principales (comme la Nouvelle-Zélande) :

- Upolu, l’ile la plus peuplée, où se situent la capitale, Apia et l’aéroport international.

- Savai’i, sa voisine (et la plus grande des deux) que l’on peut rejoindre par un ferry.

Entre les deux se situent deux autres petites iles habitées : Apolima et Manono. Le reste des iles ou ilots qui entourent les Samoa sont inhabités.

Carte des iles Samoa. Source : www.bluepacific.ws

Carte des iles Samoa. Source : www.bluepacific.ws

Situé à 14°S de latitude, le climat y est de type tropical à deux saisons : saison humide durant l’été austral (octobre à mars) et saison « sèche » durant l’hiver austral (avril – septembre). Je mets "sèche" entre guillemets car en réalité, les épisodes d’averses tropicales sont quasi quotidiens (du moins quand j’y étais). On ne distingue que très rarement le sommet de l’ile, couvert en quasi permanence par une épaisse couche de nuages. Mais heureusement les épisodes de pluie ne durent pas et le soleil brille la plupart du temps. Concernant les températures ? Toujours entre 24°C et 30°C, très constantes, même la nuit.

Les iles Samoa sont des iles volcaniques, sur le même modèle qu’Hawaii (dont je fais le topo ici). Les volcans à l’origine des Samoa créent ce relief caractéristique des iles volcaniques, en crachant des coulées de lave fluide qui s’accumulent successivement. Le volcan Matavanu sur l’ile de Savai’i est toujours actif et sa dernière coulée date de 1911 (j’y reviendrai plus tard).

Cependant je pense que la comparaison avec Hawaii s’arrête là. On n’observe pas cette dualité entre côté de l’ile sous le vent et côté au vent comme à Hawaii, ce qui créé un contraste au niveau climatique et induit donc une différence de végétation de part et d’autre de l’ile. Aux Samoa, la végétation est dense et luxuriante sur l’ensemble des iles. Il fait partout la même température, sauf quand on prend un peu d’altitude. Et bien sûr, la population, ses coutumes, son mode de vie, sont fondamentalement différents.

Les Iles Samoa, cet autre bout du monde

Fale, sarong et noix de coco…

La particularité des iles Samoa, c’est d’être restées relativement authentiques, quand bien même la quasi totalité du globe s’occidentalise. Enfin je vous rassure, ils ont l’eau courante et l’électricité, et même la télé, des voitures et la 3G.

Apia est en même temps la capitale et la SEULE ville du pays. On comprend vite l’importance de ce point névralgique qui centralise l’ensemble des services de l’Etat (voire des services tout court en fait), et fait tourner tout le pays à elle seule. C’est sans conteste la partie la plus occidentalisée, car dès qu’on en sort, c’est la brousse. Pas de supermarchés, pas de panneaux publicitaires, pas de société de consommation. Même pas un restaurant ou un café. A mesure qu’on parcourt l’ile, on croise de temps à autre un village, composé de trois habitations qui se battent en duel, une église (of course) et quand on a de la chance, une échoppe qui vend du riz et des nouilles. Point.

L’habitat traditionnel aux Samoa est la « fale » (fale = maison en samoan). C’est une maison de type ouverte, avec un sol généralement surélevé, et un toit soutenu par des poteaux en bois. Les fales traditionnelles sont de forme ovale, mais j’en ai rarement vu, la plupart du temps celles-ci sont plutôt rectangulaires. Chaque habitation est composée de plusieurs fales : au devant se trouve généralement une grande fale ouverte et rectangulaire, la plupart du temps vide (où avec du linge qui sèche). Cette fale sert avant tout pour les réunions de famille/de village et est particulièrement investie le dimanche, jour dédié aux célébrations religieuses et à la famille. Le reste du temps, on ne fait rien dedans, à part la sieste occasionnellement.  Derrière cette large fale ouverte se situe l’habitation à proprement parler, elle aussi composée de 2 ou 3 bâtiments. Ceux-ci sont plus souvent fermés avec des murs, surtout sur l’ile d’Upolu où le désir d’intimité devient plus prégnant avec l’influence de la culture occidentale. Les « pièces » de la maison sont alors divisées : la cuisine d’un côté, les chambres, pièces communes de l’autre etc.

Fale traditionnelle sur Savai'i

Fale traditionnelle sur Savai'i

L’attachement à la terre est très présent dans la culture samoane. Les propriétés appartiennent aux mêmes familles depuis plusieurs générations. Les ancêtres sont même enterrés directement au sein de la propriété, et leur tombe est souvent la première chose que l’on remarque devant ces maisons. Elles sont décorées avec beaucoup de soin, et font parfois parti intégrant de l’habitation. Le mort a sa chambre, comme tout le monde.

Propriété avec le caveau familial au devant de l'habitation

Propriété avec le caveau familial au devant de l'habitation

Les Samoans cultivent leur lopin de terre, y élèvent des cochons et des poulets. L’agriculture vivrière est très présente, chaque foyer cultive ses bananes, mandarines, mangues et noix de coco, puis s’en vont les vendre au marché ou juste devant leur maison.

Fa’a Samoa : le mode de vie dans les iles Samoa

Trois éléments sont d’une importance capitale dans la culture samoane, et font l’objet d’une dévotion quotidienne : la famille (aiga), le village (matai) et la religion (catholique). Le but du quotidien est donc tourné vers le maintien du bien être des membres de la famille, des membres du village, et des obligations religieuses. Peu de Samoans travaillent « de 8 à 5 » comme dans nos sociétés, à l’exception des habitants d’Apia. Les autres vivent de leurs cultures ou d’objets qu’ils confectionnent comme des paniers tressés en feuilles de palmiers, des sarongs etc. Ils n’ont pas besoin de beaucoup d’argent pour vivre, car leur maisons leurs appartiennent et ils n’ont ni loyer ni taxe à payer au gouvernement. Ils ne possèdent pas beaucoup de biens, juste ce qu’il leur faut pour vivre correctement. C’est un mode de vie très simple, où l’entraide et le partage occupent une place prépondérante. Du moment que chacun y met du sien et participe à cette vie de village, les gens prennent soin les uns des autres.

Certains s’attacheront à économiser plus d’argent, afin d’envoyer leurs enfants à l’université, voire vers les pays occidentaux en espérant qu’ils puissent y faire bonne fortune. Ainsi, une autre partie de la population vit de ce que leurs proches vivant à l’étranger (la plupart du temps l’Australie ou la Nouvelle-Zélande) leur envoi chaque mois. On voit même des panneaux à l’approche de l’aéroport mentionnant « don’t forget to send money back to your family »[1]. Mais le rêve occidental des Samoans est parfois rattrapé par la réalité… Une amie Samoane travaillant en Nouvelle-Zélande en tant que femme de ménage m’a confiée que cette vie à l’occidentale ne lui apporta pas grand chose de plus que sa vie tranquille dans les iles. Elle a goûté à deux mondes différents, deux modes de vie, et après plusieurs décennies en Nouvelle-Zélande, elle ne se sent pas « plus riche » qu’à son arrivée. L’âge de la retraite approchant, elle se projette à retourner dans le village où elle a grandit. « Au moins je suis venue, et j’ai vu. Maintenant il est temps de rentrer à la maison. »


[1]N’oubliez pas d’envoyer de l’argent à votre famille aux Samoa

Et pour finir ce Point GEO… Les risques naturels aux Samoa

La chute de noix de coco... un risque quotidien aux Samoa

La chute de noix de coco... un risque quotidien aux Samoa

C’est un peu comme en Nouvelle-Zélande : y’a de tout ! La situation des iles Samoa est en effet très similaire à celle de la Nouvelle-Zélande. Situées à proximité d’une zone de subduction, les iles connaissent une activité sismique assez intense. D’ailleurs mon séjour a terminé en beauté avec un petit séisme qui est venu secouer légèrement ma fale ! Mais les choses peuvent également se corser un peu étant donné que la faille au large des Samoa est génératrice de tsunamis. En 2009, les Samoa firent tristement parler d’elles. Un tsunami fut provoqué suite à un séisme de magnitude 8.3 et couta la vie à 189 personnes dans les iles du Pacifique, dont 149 victimes pour les seules Samoa[1]. Les pays du Pacifique telles que les Samoa sont très vulnérables aux tsunamis du à l’importante proportion de la population vivant directement à proximité du rivage. Plus de 5000 personnes perdirent leur foyer dans le tsunami de 2009 aux Samoa…

Les stigmates ne sont plus vraiment visibles à l’heure actuelle, et heureusement pour les Samoa, le tourisme a bien repris. Suite à ce désastre, une cartographie des zones les plus exposées a été mise en œuvre, et des panneaux indiquant les itinéraires d’évacuation ont été installés. Les Samoans semblent aujourd’hui davantage conscients de cette menace, même si leurs villages ont été reconstruits dans les mêmes zones à risque.


[1] Sources : Wikipedia, http://2009samoatsunami.blogspot.co.nz

Itinéraire d'évacuation en cas de tsunami aux Samoa

Itinéraire d'évacuation en cas de tsunami aux Samoa

Le risque volcanique est un risque de facto aux Samoa puisque ces iles doivent leur existence à l’activité volcanique. Cependant, comme il s’agit de volcans de type hawaiiens, ceux-ci ne sont pas spécialement menaçants pour la vie humaine. Les éruptions de volcans de type hawaiien (ou autrement appelés volcans boucliers) se manifestent surtout par des coulées de lave lentes, ce qui laisse largement le temps sortir de leur trajectoire. Ces coulées sont plus dommageables pour les infrastructures. L’éruption du Matavanu en 1911 provoqua la destruction de plusieurs villages. On peut aujourd’hui visiter ce champ de lave ainsi que les ruines d’une église, situés du côté est de Savai’i.

Un champ de lave dite de "Paohoehoe" (Savai'i)

Un champ de lave dite de "Paohoehoe" (Savai'i)

Une église en ruines, détruite par la coulée de lave de 1911 (ile de Savai'i)

Une église en ruines, détruite par la coulée de lave de 1911 (ile de Savai'i)

Les iles Samoa ne sont pas non plus à l’abri des risques d’origines climatiques. En effet, elles sont régulièrement touchées par des cyclones, généralement vers la fin de l’été austral (février - mai). Les cyclones peuvent être catastrophiques pour le secteur agricole, ruinant les cultures, ce qui rend les Samoa dépendantes de l’aide internationale. Environ un mois avant mon voyage, un cyclone détruisit la plupart des plantations de bananes, ce qui expliqua pourquoi on en trouvait si peu lorsque je m’y rendis. D’habitude, m’expliqua t-on, les ventes à l’étalages de bananes sont omniprésents partout autour des iles.

Les Iles Samoa, cet autre bout du monde

Visiter les iles Samoa… ça se passe comment ?

Au regard de leur situation en marge, les iles Samoa sont globalement peu touristiques. Attention, je n’ai pas dit pas touristique : des touristes il y en a, mais ceux-ci restent principalement dans les resorts, et n’en sortent que rarement. Ce qui explique qu’à certains moments et dans certaines situations, j’étais « la seule blanche » parmi les locaux, qui me regardaient, curieux et amusés.

Alors si on ne va pas dans les resorts, on dors dans quoi ? Pour les Palangis[1] qui n’ont pas prévu de rester dans les resorts, il y a une autre solution : les beach fales ! Ce sont comme des fales traditionnelles, sauf que celles-ci sont prévues pour les visiteurs. Elles sont toujours situés au bord du rivage, et le ressac passe parfois en dessous à marée haute. Pour plus d’intimité, on peut les fermer grâce à des stores tressés en feuilles de palmiers. Mais j’ai trouvé cela tellement plus agréable de dormir dans une fale toute ouverte, bercée par le bruit des flots et rafraichie par la brise légère :)


[1]Palangis = touristes, ou plus largement « hommes blancs »

Welcome home !! Une beach fale à Namu'a Island

Welcome home !! Une beach fale à Namu'a Island

Un matelas en mousse, un drap et une moustiquaire... que demander de plus?

Un matelas en mousse, un drap et une moustiquaire... que demander de plus?

Beach fales sur l'ile de Savai'i (plage de Manase)

Beach fales sur l'ile de Savai'i (plage de Manase)

Le prix d’une nuit en fale est le même que celui d’une auberge de jeunesse (entre 20 et 25€ la nuit), les repas en demi pension compris, et le charme en plus ! En fait je crois que je suis tombée amoureuse de l’idée de dormir en fale, et que c’est une des raisons pour lesquelles j’ai choisi les Samoa !

Le repas des Palangis à Falealupo (Savai'i)

Le repas des Palangis à Falealupo (Savai'i)

Si l’on souhaite rester dans la gamme petit budget, on se déplace en bus. Beaucoup le disent, prendre le bus aux iles Samoa, c’est une expérience à part entière ! On les voit de loin, avec leurs couleurs pimpantes, remplis à ras bord. Il y a de l’ambiance aussi, car la sono est toujours à fond. On voyage sur des airs de zouk, de coupé-décalé, de R’n’B, et même de rock’n’roll. Tout en fait, du moment que c’est joyeux, c’est approuvé compatible samoan ! Par contre il vaut mieux ne pas être pressé, car le bus se déplace « à l’heure Pacifique » comme on dit, à l’image du rythme de vie.

Les bus colorés des Samoa

Les bus colorés des Samoa

Le contact avec les locaux se passe très bien. Les Samoans sont des gens joyeux et naturellement souriants. Ils sont souvent curieux et aiment bien discuter. Ils posent un peu toujours les mêmes questions (à la fin on faisait même les réponses avant les question) : Vous venez d’où ? Première fois aux iles Samoa ? Vous y restez combien de temps ? Ca vous plait ? Vous y reviendrez un jour ? etc etc. Je les ai également trouvé très serviables, toujours à donner un coup de main. Certains ont voulu m’aider à porter mon sac, d’autres s’arrêter pour me prendre quand je marchais sur la route alors que je n’essayais même pas de faire du stop… Ils sont détendus et bienveillants. Le vol ne semble pas très commun, et je me sentais généralement en confiance et en sécurité.

Le revers de la médaille c’est qu’aux Samoa, rien n’est vraiment gratuit. Dès lors qu’on veut visiter un endroit, il faut s’acquitter d’une petite somme. Même lorsqu’on fait du stop, il est courant de donner un petit quelque chose au conducteur… Mais lorsque cela vient de leur part, c’est souvent un acte de générosité bien entendu gratuit.

Les blowholes, une des attractions majeures de l'ile de Savai'i

Les blowholes, une des attractions majeures de l'ile de Savai'i

Une magnifique piscine naturelle à Savai'i

Une magnifique piscine naturelle à Savai'i

Les Iles Samoa, cet autre bout du monde

Par cet article, j'espère vous avoir donné envie de visiter les iles Samoa, même si c’est pas la porte à côté, que c’est « l’autre bout du monde » au sens propre :) Pour ma part il me tarde d’explorer un peu plus les contrées du Pacifique , avec toutes ces « iles Etats », qui semblent toutes plus fascinantes les unes que les autres.

Album Photo complet disponible sur Flickr :

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S
Superbe article, très complet et riche en infos, merci Amandine, ça donne envie, surtout par ce froid ;)
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Y
Article top, je décolle le 15 octobre sans préparation pour 15 jours, ton article ne laisse présager que du bon.
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M
Désolée de l'incruste ^^<br /> J'y serai du 12 au 19, on peut peut-être faire un bout de l'île ensemble ?
A
Super!! tu vas t'eclater!! je n'avais rien prepare non plus, pas vraiment besoin en fait ;-) Bon voyage!
M
J'ai réservé un peu sur un coup de tête un vol pour les Samoa en octobre ... Merci beaucoup pour ton super article qui confirme ce choix et surtout merci pour le plan des fale(s?). Ça a l'air d'être le top !!
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A
Belle decision Maureen! Oui l'experience des fales est unique en son genre, un vrai coup de coeur!! Bon voyage a toi :)